Au Burkina, du cinéma avec de l’air pur

Au Burkina, du cinéma avec de l’air pur

Ouagadougou – Employé depuis une trentaine d’année dans la salle de cinéma Neerwaya à Ouagadougou au Burkina Faso, Pierre Ouedraogo ne se lasse pas de vanter les mérites du centre culturel Neerwaya devenu un espace non-fumeur. Le décret portant interdiction de fumer dans les lieux et transports publics en vigueur depuis plus de 10 ans a fait une grande différence.

 A partir de ce moment, les consommateurs de tabac n’avaient plus le droit de fumer ni à l’intérieur de la salle de cinéma ni dans la cour. Les boutiques de l’espace ne vendaient plus aucune cigarette. Au Burkina Faso, l’enquête STEPS de 2021 révèle que 13,6 % des personnes âgées de 18 à 69 ans consomment du tabac.

Avant dans les salles de cinéma, de nombreux cinéphiles étaient victimes de tabagisme passif. D’après les données de l’ATLAS, sur 4800 décès dus aux maladies liées au tabac survenus au Burkina Faso en 2017, 1300 étaient des non-fumeurs, soit près du tier.

Le tabagisme passif est responsable de cancer du poumon chez les non-fumeurs et accroît le risque de maladies respiratoires et cardiaques. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de la moitié des jeunes (48,2 %) sont victimes du tabagisme passif dans les lieux publics dans la Région africaine.  

Arlette Tinguerie et sa fille Estelle confirment les propos de Pierre. Elles apprécient l’air qui circule dans la salle de projection. En cette soirée de début de weekend, c’est accompagné de sa fille qu’elle se rend au cinéma pour suivre un film et passer un moment mère-fille. « J’aime souvent venir en compagnie de ma fille. Ici en tout cas, comme c’est interdit de fumer, je peux venir en toute tranquillité avec elle parce que je sais que nous n’allons pas être dérangées par la fumée de cigarette », relève Arlette qui fréquente au moins deux fois par mois cette salle. Pour elle la différence est nette. « A Neerwaya, je n’ai jamais croisé quelqu’un qui fume. Si les gens fumaient, je n’allais pas être à l’aise au point de venir avec ma fille. »

Dans l’intensification de son combat contre le tabagisme, le Burkina Faso met à jour sa loi portant interdiction de fumer dans les lieux et transports publics en y intégrant les produits émergents notamment la cigarette électronique et la chicha. Le volet supplémentaire est de recadrer les publicités déguisées de l’industrie de tabac. Le pays a par ailleurs augmenté les taxes sur les produits du tabac de 17 % en 2009 à 50 % en 2019 soit une hausse de 33 % en 10 ans. 

« Avec l’intensification des actions contre le tabagisme, nous avons constaté une augmentation de la fréquentation des services de santé pour avoir des conseils sur l’abandon de la cigarette », souligne Dre Boezemwendé Ouaba, Directrice de la promotion de l’éducation pour la santé (DPES). 

C’est dans cette optique qu’une unité de sevrage tabagique a été installé au CHU Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou en février 2017. Cette unité accueille en moyenne mensuellement 45 candidats à l’abandon du tabac dont 60 % arrivent à arrêter de fumer, après 5 à 40 ans de dépendance à la nicotine. 

Ces diverses stratégies ont été exécutées par les autorités nationales avec le soutien l’OMS. L’Organisation accompagne le pays dans l’élaboration des directives, dans le plaidoyer et dans la formation des travailleurs de la santé sur le sevrage tabagique. Les forces de l’ordre, les acteurs culturels et de la société civile ainsi que des hommes des médias sont impliqués dans la lutte antitabac. Un des résultats notables des actions menées est la réduction du taux de tabagisme passif de 7,7 % sur huit ans qui est passée de 36,3 % en 2013 à 28,6 % en 2021. 

Dr Seydou Ouaritio Coulibaly, Représentant par intérim de l’OMS au Burkina Faso se réjouit de ces avancées. « Nous constatons que les lignes bougent. Notre priorité est de préserver la jeune génération des dangers du tabagisme en l’éloignant le plus loin possible du tabac et de ses produits dérivés. » 

La jeune génération est également une priorité pour Pierre. « La plupart de nos enfants commencent le tabagisme par suivisme. Ces efforts font une grande différence. »
 

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
Email: lawsonagbluluf [at] who.int 

Francine M. TCHOUTA

Spécialiste de la Communication

Bureau de l'OMS au Burkina Faso

Email: tchoutaf [at] who.int